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Le dernier conflit mondial devait être la fin des conflits meurtriers dans le monde. Les jeunes ne devaient plus être abandonnés à eux-mêmes, afin de devenir des citoyens responsables, soucieux de leur intérêt particulier et donc de l’intérêt général afin de garantir la pérennité d’une société juste (liberté, égalité, fraternité).

Des ouvrages1 ont déjà démontré qu’une société ne peut pas continuer à exister sans la cohésion entre ses membres.

Une société exempte de connaissances, de réflexions et d’intelligence, n’est pas une société humaine. Or, les évaluations – en particulier des élèves – montrent :

L’évaluation internationale PISA est en baisse (sourcehttps://www.viepublique.fr/eclairage/19539-resultats-des-eleves-la-france-et-le-classement-pisa-2022) puisque la France perd 46 points entre 2018 et 2022. D’autres Pays diminuent également, seuls quatre (Japon, Taiwan, Corée du Sud et Singapour) progressent significativement. Il faut noter que les garçons réussissent mieux que les filles en sciences et mathématiques (« en moyenne, dans les pays de l'OCDE, les garçons obtiennent 9 points de plus que les filles en mathématiques » 2 ). « Comme chaque année, l'OCDE évalue également l'effet de l'origine socio-économique sur les performances scolaires. En France, le poids des origines sociales est important : en mathématiques comme en compréhension de l'écrit, il est supérieur à la moyenne de l'OCDE. » En « France … les élèves immigrés décrochent de neuf points (moyenne OCDE cinq points) par rapport aux autres élèves. » des autres Pays. Autrement dit, les autres Pays font mieux réussir les élèves issus de l’immigration qu’en France.

Les tests d’entrée en sixième demeurent problématiques : La part des élèves dans les groupes de performance les plus faibles est passée de 31,7 % à 26,9 % entre 2017 et 2024. Il y a une amélioration de 5 points à mettre en corrélation avec le nombre d’élèves qui diminue de 350000 entre 2017 et 20234 . L’écart entre filles et garçons se réduit de 3 points avec une baisse du niveau des filles (-2 points) et une hausse de celui des garçons (+1 point). En REP+ le niveau des élèves qui ont progressés en français (compréhension de texte) a progressé de 8 points ; ainsi nous pouvons en déduire que l’écart s’amenuise entre les QPV et le centre-ville. En mathématiques, les élèves les moins performants continuent d’augmenter (passant de 30.8% à 32.2%) ; c’est aussi le cas des élèves les plus performants qui passent de 15% à 19%.

Les tests de début de quatrième5 montrent que 46% des élèves lisent moins bien que la moyenne (moins de 143 mots/minutes). Les filles lisent mieux que les garçons (+8 points). En REP+ les plus fragiles sont 42% alors que seul 36% atteignent le seuil de 143 mots/minutes. Les résultats sont sensiblement les mêmes en mathématiques, y compris concernant le fossé entre l’échec en REP/REP+ et les établissements de centre-ville. Les résultats de ces tests ont alarmé le ministre de l’époque, G. ATTAL.

1 Je renvoie aux classiques Platon et Aristote, E. Kant, R. Descartes mais aussi aux modernes, J. Kellerhals, M. Modak et D. Perrenoud, G. Lapassade, H. Lagrange, P. Ricoeur, W. Golding … 2 Source : https://www.vie-publique.fr/eclairage/19539-resultats-des-eleves-la-france-et-le-classement-pisa-2022, Direction de l’information légale et administrative (DILA). 3 DEPP, Evaluation de début de sixième 2024, novembre 2024. 4 Source : DILA,https://www.vie-publique.fr/en-bref/295348-baisse-du-nombre-deleves-vers-une-nouvelle-repartion-des-moyens. 5 Evaluations des élèves en début de quatrième, DEPP, décembre 2023. 2

Les résultats au DNB6 (fin de troisième) montrent une baisse de 1,2% du nombre de candidats à 839600. 718800 élèves ont été admis soit 85,6% des collégiens en baisse de 3,5%.

Les résultats au baccalauréat7 ont augmenté avec 684200 élèves reçus sur 728164 candidats. Le bac général est réussi à 96,1% en hausse de 0,4 points, le bac technologique est réussi à 90,3% en hausse de 0,3 et le bac professionnel est réussi à 83,4% en hausse de 0,6%.

Le climat scolaire est également dégradé avec des élèves subissant des violences. En 2022- 2023, 57% des élèves se disent victimes de vols, 43% d’insultes, 28% d’actes de cyberviolence et 7% d’un harcèlement. En janvier 2024, le ministère de l'Éducation nationale a recensé 280 atteintes au principe de la laïcité. Si l'on se penche sur les chiffres des atteintes au principe de la laïcité depuis septembre 2023, on dépasse les 4200, contre 2000 sur la même période en 2022. Selon l’enquête SIVIS8 de 2020-20219 , 40 % du total des incidents graves relèvent de violence verbale dans le second degré et 43 % dans les écoles publiques. Les violences physiques représentent environ trois incidents graves sur dix : 27 % dans le second degré et 35 % dans les écoles publiques.

Cela démontre le délitement des notions de règles et de normes, d’intérêt particulier et d’intérêt général. Lorsque chacun suit ses propres règles c’est le conflit, lorsque chacun comprend que le groupe humain vit selon des règles communes, ce sont des normes qui permettent la paix et la concorde dans la société humaine.

De la règle à la norme

Un groupe humain ne peut pas vivre sans des règles qui permettent à tous ses membres d’exister dans un cadre de valeur qui lui sont propres. Et tout dépend de la conscience de chaque individu d’appartenir au même groupe sur un territoire donné. Autrement dit, un individu ne vit dans un groupe donné que parce que :

- Il y est né et y a passé ses premières années de vie durant lesquelles les « adultes » lui ont transmis des valeurs à la fois personnelles (la famille) mais aussi de l’ensemble du groupe (la Nation)

- Il décide d’y rester parce que les connaissances, les compétences et les valeurs transmises (l’éducation) lui semble « juste » (c’est-à-dire conforme à sa représentation de la justice)

- Il adhère aux règles qui régissent son groupe dans un but de reproduction ou de conservation de celui-ci10 - donc de sa propre survie

6 Source : MEN, https://www.education.gouv.fr/les-resultats-du-diplome-national-du-brevet-342100. 7 Source : MEN, https://www.education.gouv.fr/reussir-au-lycee/les-resultats-du-baccalaureat-1124. 8 Sivis (Système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire), enquête ponctuelle de climat scolaire. 9 Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, DEPP, NOTE D’INFORMATION n° 21.39, Novembre 2021. 10 Pour un humain, manger, boire, dormir, procréer sont les bases… 3

- La convergence des valeurs l’intronise « membre » du groupe en participant à différentes activités prévues c’est-à-dire, de nos jours, avoir un emploi ou un travail qui soutient la pérennité du groupe autant que dans son intérêt personnel (avoir un salaire pour vivre et faire vivre son groupe particulier, la famille), mais aussi participer à des activités publiques (élus, associations etc.)

- A un moment donné au début de sa vie l’humain du groupe comprend et incarne le groupe dont il est membre en respectant les règles, et en les appliquant systématiquement – et, accessoirement et selon sa position, les faits respecter aux autres humains au sein de « son » groupe

- Durant sa vie, il peut participer à faire évoluer lesdites règles pour encore améliorer la vie au sein de « son » groupe humain

Lorsque ces conditions sont remplies, les règles deviennent normes.

Une norme est une règle qui va « normaliser » les comportements des humains vivant dans le groupe et cela conformément à son fonctionnement. Lorsque tous les humains du groupe respectent les règles, elles sont normes et empêchent des déviances qui causent toujours des troubles et conflits – ce que nous voyons dans nos sociétés modernes.

La norme permet le règne d’une justice partagée par tous les membres du groupe humain. En effet, parce que tous les membres du groupe ont les mêmes idéaux qui sont en France, liberté, égalité, fraternité, lesdits membres tendent vers le respect de règles communes idéales pour les faire perdurer. La justice de l’idéal de la société est, normalement, apprise dans le système éducatif de celle-ci, c’est-à-dire à l’école…. Pouvons-nous dire aujourd’hui que l’école est juste, conformément au projet de société en France (toujours le même triptyque) ? Nous tenterons de répondre à cette question la prochaine fois.

Revenons à la norme, cette règle que tous décident de respecter, parce qu’ils sont égaux, dans le but de bien vivre ensemble (Aristote, La République).

Ici, il faut insister sur le fait qu’une règle ne peut pas devenir une norme sans communication, plus encore, sans débat entre les membres de la société. Une règle ne peut pas exister sans une nécessité absolue de maintenir la bonne vie ensemble. Certaines règles vont d’elles-mêmes, mais toutes font débat. Prenons la peine de mort (abolie en 1981) ou l’abolition de l’esclavage en France (27/04/1848, après les discours exceptionnels de V. Schoelcher) : il faut trois facteurs essentiels pour que ces avancées humaines, ces normes, soient adoptées, y compris dans plusieurs Pays dans le Monde.

1°) Que la société dans laquelle la question est débattue soit capable d’en comprendre l’utilité pour tous, qu’elle soit conforme à la morale donnée et donc que les membres de la société soient suffisamment formés (connaissances et compétences suffisantes) : impossible de faire disparaitre des habitudes barbares (peine de mort, esclavage…) sans connaitre la 4 philosophie des Lumières (1715-1789, qui promeut le rationalisme, l'individualisme et le libéralisme, contre l'obscurantisme et la superstition), sans comprendre le sens des mots et des textes ni sans avoir un sens de l’ensemble juste c’est-à-dire conforme à la démocratie qui est un régime politique dans lequel le pouvoir appartient au peuple, qui l'exerce directement ou par l'intermédiaire de représentants élus. Elle repose sur des principes fondamentaux tels que la participation citoyenne, la liberté d'expression, l’égalité devant la Loi, et le respect des droits fondamentaux.

2°) Qu’une majorité de membres de la société soient favorable à ladite règle : dans nos deux exemples, une majorité de membres de la société s’élevait contre ces injustices patentes pour notre sens de la Justice (Républicain)

3°) Que la règle débattue soit portée par un individu, homme ou femme : Robert Badinter en 1981 pour l’abolition de la peine de mort et Victor Schoelcher pour l’abolition de l’esclavage ; avec des discours à l’Assemblé Nationale que je vous invite à lire ou relire, ce serait bien utile de nos jours….

Dès lors, la règle est adoptée et elle fait norme. En effet, même la minorité qui n’est pas d’accord est obligé de s’y tenir pour trois raisons :

1°) la société a les moyens (en théorie) de faire respecter sa norme (en particulier avec l’aide de ses forces de l’ordre – dont le rôle est de faire respecter la norme)

2°) le débat a permis à tous les avis y compris contraires de s’exprimer librement et pleinement

3°) les avis contraires ont été entendus et des amendements peuvent être apportés (par exemple dans les textes liés à l’environnement…).

Enfin, la norme s’applique naturellement à tout le monde parce que tous savent qu’elle existe et que sa raison d’être est Juste c’est-à-dire conforme à la Justice en tant que valeurs dans la société, la République Française, l’Europe, le Monde. Merci pour votre lecture,

 

A bientôt,

 

Sébastien PEYRA 

Le Billet de Sebastien Peyrat - l'éducation nationale et les fondements d'une société humaine
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